Quelle Driver Experience pour le véhicule autonome du futur ?
Notre approche
Identification de scénarios d’usages pertinents
La première étape consiste à définir les cas d’usages les plus pertinents. Nous explorons dans un premier temps l’accidentologie, la littérature scientifique et l’existant chez les constructeurs et équipementiers. Des conducteurs sont également interviewés pour approfondir les connaissances.
Le croisement de regard entre la vision technique (offre technologique disponible) et la vision usages permet de référencer les situations dans lesquelles une interaction entre le conducteur et le véhicule est pertinente. Sur cette base, des storyboards sont co-construits en atelier. Le format permet de traduire les spécifications techniques et les interactions attendues entre le véhicule et le conducteur. Nous nous intéressons notamment aux phases de transition entre le mode autonome et le mode manuel.
Pour compléter, des conducteurs sont interrogés par le biais d’un questionnaire. Ce dernier porte sur un ensemble de dimensions concernant leur rapport à l’automatisation et leur retour d’utilisation de systèmes d’assistance à la conduite de tout type. Pour aller plus loin, des entretiens urbains sont réalisés pour cibler des profils plus spécifiques, comme des conducteurs de Tesla, coutumiers de l’interaction avec un haut niveau d’automatisation de la conduite.
D’un point de vue des IHM, le projet vise à tirer le meilleur parti de la multi-modalité. Pour chaque situation, une analyse approfondie de l’impact cognitif de chacune des modalités est menée systématiquement. L’objectif est de maximiser l’efficience et minimiser le risque de perturbation.
Conception d’interaction et d’interfaces multi-modale pour le véhicule autonome
Une fois les situations à forte valeur ajoutée identifiées, la conception itérative peut débuter.
Dans un premier temps, les parcours types des typologies d’utilisateurs sont décrits (driver journey). Nous identifions ensuite des opportunités de conception à toutes les étapes de l’expérience conducteur (avant, pendant et après un trajet). Là encore, nous interrogeons l’existant sur le marché et les bonnes pratiques issues de la littérature.
La traduction des opportunités en piste de concept d’interaction conducteur-véhicule permet de vérifier si les modalités retenues peuvent apporter une valeur ajoutée à l’expérience conducteur. Lorsque c’est le cas, la piste est alors explorée plus en détails puis déclinée en fonction du support : son, affichage, alerte verbale, patron d’allumage de LED, etc.
Les différents prototypes sont intégrés sur un poste de conduite sur table permettant une mise en situation. Douze conductrices et conducteurs participent à des sessions de test visant à relever les principaux problèmes liés à l’utilisabilité et les axes d’amélioration.
Evaluation sur simulateur de conduite et intégration sur véhicule réel pour la démonstration de concept
La dernière étape et non des moindres : mettre en commun les différents composants techniques et valider les concepts de façon unifiée.
Les prototypes consolidés sont d’abord intégrés dans un simulateur de conduite pour mener des tests utilisateurs dans un contexte contrôlé. Plus de 30 conductrices et conducteurs sont impliqués dans la démarche. Chaque participant.e expérimente des phases de conduite avec les systèmes d’aide avant d’en évaluer l’acceptabilité, l’utilisabilité et l’expérience conducteur.
Dans un second temps, deux Toyota Prius et une Volkswagen Passat sont équipées pour réaliser la démonstration des concepts en conditions réelles. L’ensemble des aboutissements du projet ont été présentés au congrès international des Systèmes de Transports Intelligents (ITS) à Helmond (Pays-Bas) en mai 2019.